Aux origines de la commune de Tresses
De nombreux vestiges préhistoriques témoignent de l'occupation ancienne de cette partie de l’Entre-Deux-Mers. Tresses fut sans doute en ces temps reculés peu favorable à d’importants établissements humains. Les plus anciens vestiges découverts en différents secteurs de la commune appartiennent au Paléolithique moyen (Moustérien) et pourraient dater de 30 000 à 40 000 ans avant notre ère. Ils ont été abandonnés par l'homme de Neanderthal qui vécut là sous des conditions climatiques généralement assez rudes. La découverte de deux haches polies à Tresses marque l'époque Néolithique pendant laquelle les premiers habitants sédentaires s'installèrent sur notre sol (- 5000 à - 2200 avant notre ère). La première hache a été signalée par M. Piganeau en 1897, dans son «Répertoire archéologique du département de la Gironde» ; la seconde a été découverte par M. Alfonso Munoz en 1975 à Daureille, à peu de distance de l'église (dans les vignes du château Palot).
L'occupation du sol à l'époque gallo-romaine est ensuite représentée à Tresses par des vestiges archéologiques découverts entre le village du Mayne et le château d'eau. Ce sont tout d'abord des fragments de tuiles romaines plates à deux bords verticaux nommées Tegulae dont la jonction était assurée par d'autres tuiles semi-circulaires, les Imbrices. Il y a également de nombreux tessons de poteries des IIe et IIIe siècles, une monnaie du Bas-Empire, une fusaïole, des fragments d'amphore et des poids de métier à tisser. Des scories de fer de haute époque y indiquent également la présence d'un site métallurgique ancien.
Plus près de nous dans le temps, c'est la découverte de deux sarcophages à Mélac qui est signalée par M. de Mensignac dans une communication à la société archéologique de Bordeaux en 1890 (ces deux vestiges ont disparu depuis cette époque)
À l'époque médiévale, la petite Prévôté de l'Entre-Deux-Mers qui était dans la juridiction des maires et jurats de Bordeaux et qui faisait partie de la banlieue bordelaise, se composait des paroisses de Cenon, Floirac, Bouliac, Tresses, d'une partie de Latresne et d'Artigues, de la partie Nord-Ouest de Carignan, et d'une partie de Lormont.
Le premier texte concernant la vigne à Tresses figure dans le cartulaire de l'église collégiale Saint-Seurin de Bordeaux, en l'an 1152. Nous sommes à l'époque d'Aliénor d'Aquitaine, épouse de Henri Plantagenêt, roi d'Angleterre. Il s'agit d'un très intéressant texte de donation par Raimond dit Sacriste, pour des biens qu'il possède à «MELAG» (Mélag, devenu depuis Mélac, n'était pas encore au XIIe siècle rattaché à la paroisse de Tresses). En juillet 1245, un autre texte du même notaire (Fort Baudres) concerne un échange entre l'abbé de Sainte-Croix de Bordeaux et le Captal de La Trône (seigneur de Latresne). Il y est question de l'artigue (une terre défrichée) d'aurelha en la paroisse de Tresses. Ce lieu-dit est toujours planté en vignes derrière l'église et il est devenu, au cadastre, Daureille. Du Moyen Âge au XVIIIe siècle, les vins de Tresses, comme ceux du Bordelais en général, ne présentaient aucune des qualités actuelles; ce n'était qu'un «Claret» très ordinaire, peu coloré et peu alcoolisé. Ils étaient exportés vers l’Angleterre et l'Europe du Nord-Ouest.
Tresses pendant la Révolution
Les trois ordres, clergé - noblesse - tiers état, étaient représentés à Tresses. Dans les châteaux et les domaines importants, résidaient les membres de la bourgeoisie et de la noblesse : Jean de Senailhac, à la «Mothe» de Tresses (où il décédera en l'an 1800) ; Pierre Malbec, procureur au Parlement de Bordeaux et son épouse, Anne-Marie de Biré, au château Biré ; la famille de Calmeilh, en son château de Fontemille à Mélac ; M. Lemith, citoyen américain dont le domaine deviendra plus tard «La Séguinie» (il s'absente souvent pour affaire à l'île de Saint-Domingue) ; Jean Laporte, agent de change, à Lisennes ; Jean-Pierre Balguerie, négociant à Palot ; M. Fabre, négociant, propriétaire à Caboy, qui est l'ancien nom du village de Fabre.
Deux communautés religieuses possèdaient des métairies, vignes, prés, terres labourables, châtaigneraies et landes. Il s'agissait des religieuses de Notre Dame de Bordeaux et du collège Saint-Raphaël (petit séminaire). Quant au curé Dupuch, il était installé à Tresses depuis l'année 1783 et habitait à l'ancienne Cure détruite, toute proche de la salle des sports. Ses revenus le situaient au niveau d'un artisan moyen ou d'un paysan aisé. La dispense fiscale et les dons reçus de ses fidèles lui assuraient, avec l'exploitation d'une terre et d'un pré, une vie correcte.
Nous possédons moins d’informations sur le reste de la société tressoise. Le vin, à cette époque, restait bien entendu la boisson privilégiée. La viande, le plus souvent de porc dans notre région, était consommée parcimonieusement, sauf dans la couche sociale favorisée où elle était le signe et le symbole de l'aisance matérielle ! Le meunier de «La Trimouille» traitait le grain appartenant aux producteurs ou aux boulangers. Il était payé en nature, en général au seizième du volume des grains moulus.
L'automne de 1787 avait été exécrable après un été médiocre. Les pluies retardèrent les vendanges et le vin de Tresses fut de mauvaise qualité. Octobre et novembre, noyés d'averses, détrempèrent les champs et entravèrent les labours et les semailles. Suivit un hiver sans caractère, marqué par une douceur inhabituelle. De telles conditions furent particulièrement néfastes aux céréales. Restait l'espoir des semailles de printemps ; on s'y employa dès les premiers jours. Mars fut très frais et retarda la germination. Vint ensuite juin 1788, très chaud et orageux : les céréales furent échaudées. Après ces conditions climatiques, les producteurs de Tresses récoltent en 1788, environ deux fois et demie leur semence et cet échaudage généralisé à travers l'ensemble du pays sera la cause d'une disette dont les conséquences historiques seront incalculables. Au début de l'année 1789, la misère est grande et le curé de Camarsac, non loin de Tresses, signale des familles entières se nourrissant d'herbages cuits ! D'août 1788 à avril 1789, le prix du blé accuse des hausses supérieures à 30 %.
À la demande du Roi chacun des ordres, clergé, noblesse, tiers état, rédigea ses revendications, celles du Tiers retinrent le plus l'attention parce que paysans et bourgeois, se sentant mis à l'écart par les privilégiés et trop dominés par eux, exprimèrent avec vigueur une volonté de réforme. Les Tressois ont vécu, comme les autres sujets du Roi, cette étape déterminante qui représente, pour chaque village, le début de la démocratie locale. L'ensemble de la population a été convoquée en mars, conformément aux lettres du roi, en date du 27 janvier 1789 précédent, et à l'ordonnance de Monsieur le Grand Sénéchal de Guyenne du 18 février. L'assemblée procéda à l'élection des deux députés devant porter le cahier à la Sénéchaussée et désigner les députés du Tiers-État à Versailles. Jean Cazimajou dit «Lami», marchand et Jean Faupier, boulanger, se présentèrent donc le 9 mars 1789 à la réunion des ordres de la Sénéchaussée en la cathédrale Saint-André de Bordeaux.
À la fin de 1789, la loi détermina la création dans chaque ville, bourg et paroisse d'une municipalité comprenant : le Maire, les Officiers municipaux et un Procureur chargé de requérir l'application de la loi et d'en rendre compte au pouvoir public. Ce conseil comportait également des notables en nombre double des autres membres. Ils se joignaient à eux en «Conseil Général» pour les affaires importantes. Ces conseils étaient élus pour deux ans et renouvelés pour moitié chaque année. Les citoyens furent divisés en trois catégories : passifs, actifs et éligibles. En 1790, Tresses comptait 620 habitants dont 120 citoyens actifs et 100 citoyens éligibles. En février, ces Tressois désignèrent la première municipalité en plaçant, comme dans bien d’autres communes rurales, le curé de la paroisse, Jean-François Romain Dupuch au poste de maire.
La première municipalité de Tresses, dans le canton de Pompignac, avait donc la composition suivante. Le maire, Jean-François Romain Dupuch, curé de Tresses depuis 1783, élu pour deux ans et cinq officiers municipaux : Raymond Sarpaud cultivateur, Jean Cazimajou, dit «Lami» de Mélac (il avait été élu député aux États Généraux de la Sénéchaussée), Jean Faupier, boulanger (également élu en mars 1789), Pierre Rives (Aimé) cultivateur qui habite sur le grand chemin (de Branne), Pierre Maubilas, forgeron, ainsi que le Procureur de la commune : Lahire. S’y ajoutaient 12 notables :Jean Mouchet, Jean Perrotin, Jacques Lafourcade, Bernard Lapaillerie, Jean Rambaud de Jolibois, Vincent Desse de Lescalet, Raymond Gadeuil, Bertrand Clemens (laboureur à Fénelon), Pierre Audinau du Landais, Jean Lafon, Raymond Bonnin, Jean Michel.
L'assemblée constituante décida que chaque département serait administré par un conseil général de 36 membres élus pour deux ans, renouvelable par moitié chaque année. À cette occasion, deux Tressois furent désignés pour participer à une première élection : Pierre Rives fils et Jean Cazimajou de Mélac.
À Bordeaux, comme dans tout le pays, le premier 14 juillet fut fêté sur le modèle parisien de la «Fédération» et Tresses désigna cinq députés à la Fédération de Bordeaux. Ce jour-là, le Maire et Curé Dupuch rédigea un acte de naissance : «Le 14 juillet 1790 jour de la fédération est né, et a été baptisé Jean, fils naturel et légitime de Léonard Audebard»
Un document des archives départementales permet de faire le point sur la population, les impositions et la situation économique en 1790. Tresses comptait une population totale de 620 âmes, dont 120 citoyens actifs payant au moins trois journées de travail, 100 citoyens éligibles aux municipalités, districts et département payant au moins dix journées de travail. Les registres des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse complètent ces renseignements avec : 13 naissances, trois mariages, 14 décès : dont cinq enfants de 18 mois à 13 ans. La garde nationale de Tresses, installée en 1789, comprend deux compagnies soit 120 hommes sous les ordres de Jean Bourges qui en est le Colonel. Le document se termine par les observations de la municipalité : «La communauté n'a aucune espèce de fonds pour concourir à la confection des chemins de traverse qui sont si mauvais dans l'hiver ou pour mieux dire les neuf mois de l'année… La Communauté désireroit bien qu'on leur donnat un moyen de rétablir ces chemins, mais il seroit à craindre que si c'étoit à la charge des habitans ils s'y refuseroient se plaignant déjà d'être trop surchargés d'impôts, pour les journaliers leurs journées peuvent suffire à peine pour les faire vivre».
À partir de novembre 1790, tous les prêtres chargés d'un culte public prêtèrent serment à la Constitution Civile. Jean-François Romain Dupuch, curé et maire de Tresses prêta serment et le confirma par une lettre du 26 mars 1791.
En novembre 1789, les biens ecclésiastiques avaient été mis à la disposition de la nation. Étaient concernés : les Religieuses de Notre-Dame de Bordeaux pour une métairie, aux «Videaux», à Tresses (valeur estimée à 11 860 livres), le Collège Saint-Raphaël de Bordeaux (petit séminaire) pour leur bien de campagne au «Bourdieu du Collège» à Tresses (d'une valeur de 2 500 livres), la « Fabrique » de Tresses formée de l’ensemble de personnes choisies parmi les notables de la paroisse pour administrer les intérêts de celle-ci, le Curé (et Maire) Jean-François Romain Dupuch (biens estimés 800 livres).
Après la condamnation pontificale de Pie VI en mars 1791, Jean-François Romain Dupuch, curé constitutionnel et maire, se rétracta et quitta ses fonctions en avril 1791 causant par cette attitude une profonde émotion dans la commune. Il fut arrêté le 17 juillet 1792 (il reviendra à Tresses en 1800 et mourra en 1817). Le nouveau curé Dubruel s'installa à fin avril 1791, nommé par l'assemblée électorale du district de Bordeaux. Il prêta serment en présence de Emé Gueu et Jean Cazimajou, et en décembre 1791, il clôtura un registre d'état-civil en utilisant la formule révolutionnaire : « Vivre libre ou mourir. »
Une nouvelle municipalité fut installée en novembre 1791 sous la direction de Jean-Pierre Balguerie, propriétaire du domaine de Palot. À Tresses, cette même année 1791, la fuite des émigrés se poursuivant, des biens nationaux de deuxième origine furent vendus : le château de Fontenille et ses terres à Mélac (estimation 61 500 livres) appartenant à dame Louise Devalon veuve Calmeil émigrée avec ses fils, la propriété Delbos-Laborde et Madronet Saint Eugene. Les biens de M. Pierre Fabre négociant «Présumé d'émigration » et dame de Beynette Marguerite, fille de M. Jean de Senailhac épouse d'émigré, ne seront finalement pas vendus.
L'abolition de la royauté fut proclamée le 21 septembre 1792 et fit place à la Première République. Le lendemain 22, il est décidé de dater les actes publics de l'an I de la République. Le 8 octobre, les citoyens de la commune de Tresses écrivaient à la Convention pour exprimer leur adhésion à l'abolition de la royauté. Par ailleurs les registres religieux de Tresses sont clôturés le 25 novembre 1792 et le curé Dubruel, membre de la municipalité, est chargé de recevoir les actes destinés à contrôler les naissances, les décès et les mariages des citoyens en qualité d'officier public et non de curé de la paroisse. À Tresses, comme dans l'ensemble de la nation, la situation économique se détériorait. Répondant à une demande «pour faire la balance des consommations avec le produit du sol», Jean-Pierre Balguerie, le nouveau maire, donnait des précisions en juillet 1792 sur la récolte de «Bled» : «Cette année, on a semé dans la paroisse 600 boisseaux pour en recueillir 2 400… La consommation nécessaire étant de 3 384 boisseaux pour les habitants, la récolte est insuffisante ; il faut considérer que les terres de Tresses sont si mauvaises qu'on doit regarder que souvent il y en a qui ne produise pas au-dessus de la semence… »
Le 23 décembre 1792, un nouveau conseil général (terme utilisé à cette époque) est installé à la maison commune de Tresses. Après deux notables élus depuis 1790, c'est maintenant un cultivateur, Emé Gueu de Mélac, qui accède au poste de Maire. Sur les vingt membres de cette nouvelle assemblée municipale, neuf savent lire et écrire : il y a 10 cultivateurs (ou «paysans» suivant les textes), 3 vignerons, 1 laboureur, 1 forgeron, 1 boulanger, 1 charpentier, 1 voiturier, 1 négociant, 1 courtier.
En 1793, lorsqu’il s’agit de lever des volontaires pour combattre aux frontières, nul ne se porta candidat à Tresses. C’est par le vote que fut désigné Jean-Baptiste Guibert, « natif de l'îsle d'Oléron », un « étranger » à la commune. Mais ce dernier se fit exempter par le médecin.
Le 15 Thermidor (2 août 1794), apprenant la chute de Robespierre, la municipalité rédigea à l'intention de la Convention une adresse pour la féliciter d'avoir débarrassé la République des monstres qui voulaient lui ravir la liberté. L'hiver fut très rude à Tresses en cette fin d'année 1794. On pouvait traverser la Garonne sur la glace à Rions en janvier et les vignes gelèrent à Tresses comme dans beaucoup de communes girondines.
En l'an VIII, sous le Consulat (1800), une municipalité s'installa à nouveau à Tresses avec à sa tête Jean-Jacques Daguzan qui habitait à Mélac et à Bordeaux.
Tresses durant le XIXe siècle
Le plus ancien registre de délibération du conseil municipal conservé aux archives commence le 1er juillet 1838 sous le règne de Louis-Philippe (1830 à 1848). Au cours de la session extraordinaire sous la présidence de M. J. Balguerie aîné, maire, en présence, conformément à la loi, des propriétaires les plus imposés, a été voté l’achat d'un terrain proche de l’église (immeuble P. Mendon) pour la construction de l'école, du logement de l'instituteur et d'un local pour la mairie pour la somme de 600 F couvert par une imposition extraordinaire de cinq centimes (autorisation du Roi) et la construction des bâtiments pour un montant de 5 500 F le tout couvert par des subventions et des emprunts. Les travaux s’achevèrent en 1840. Dans l'impossibilité où se trouvait la commune de fonder une école de filles, les enfants des deux sexes, séparés par une cloison, recevaient les leçons de l'instituteur dans le même local.
Le 21 février 1847, nomination du premier garde-champêtre de Tresses, nommé Chamaroche, pour un traitement de 500 francs par an.
Appelés à se rendre à Carbon-Blanc à 7 heures du matin, pour les élections des représentants du peuple, le 24 avril 1848, les électeurs de la commune de Tresses, réunis à la mairie dès 5 heures du matin, prirent la direction de la route de Libourne par le chemin de Font-de-Rode. Dans des sols détrempés, ils continuèrent leur marche sur la grande route de Libourne jusqu'au point dit des Quatre Pavillons, et gagnèrent là le chemin direct de Carbon-Blanc où ils arrivèrent à 7 heures précises après avoir retrouvé, un peu avant, Monsieur le Maire (Jean Balguerie) qui était venu le matin de Bordeaux pour se joindre à eux. Une charrette avait été mise à la disposition de ceux que l'âge ou des infirmités empêchaient de marcher.
Durant les années 1850, on relève quelques évènements importants : la démission du maire, M. Balguerie, pour raison de santé ; la décision du conseil municipal de fonder une société de secours mutuels dans la commune (création en 1856). Il a été également voté un somme de 2,50 centimes (110 F actuel) pour venir en aide aux indigents. En faveur des bras inoccupés, sont ouverts des travaux sur le chemin de Pompignac, entre Tresses et Artigues. La commune demandait aussi que le facteur desservant les communes d'Artigues. , Tresses, Pompignac et Yvrac dépende du bureau de Cenon-La Bastide et non de Carbon-Blanc. Pour des raisons financières les édiles ajournèrent la construction d’une classe pour les filles. Ils adoptèrent (1856) une proposition pour la restauration et l'agrandissement de l’église qui menaçait ruine et décidèrent de refondre la cloche de l'église.
Durant la décennie suivante, la vie communale a continué au rythme de quelques évènements : don de Mademoiselle Marie Marès pour les pauvres de la commune, plans, devis et cahier des charges relatifs à la construction d'une maison pour loger le garde-champêtre (1865), débat sur la contenance de la barrique bordelaise.
M. Ernest Faure, nouveau maire, fait voter (fin 1870) une somme de 9 500 F au taux de 6 % pour subvenir par tous les moyens aux besoins de la défense nationale et fait préciser les montants affectés aux blessés militaires, aux prisonniers et aux habitants des départements envahis.
Le 11 juillet 1875, M. le maire soumet au conseil les plans et devis pour la construction d'un clocher. La dépense s'élèverait à 12 000 F et serait couverte par une souscription s'élevant à 6 000 F ; pour la différence le conseil vota un emprunt de 4 000 F. Un an plus tard, le nouveau devis pour la construction d'un clocher s’élevait à 15 489 F. Vu l'opposition de la commission des monuments publics de la Gironde à la suppression du vieux clocher, le conseil décida que ce clocher, sans préjudice de la conservation de l'ancien serait établi en avant de la façade principale de l'église avec laquelle il fera corps.
Suite à la circulaire de M. le ministre de l'instruction publique, M. le Maire, Ernest Constantin soumettait au conseil (6 août 1876) les plans et devis dressés en vue de l'agrandissement des locaux affectés tant aux logements de l'instituteur que de l'institutrice qu'à leurs écoles respectives, agrandissement dont l'urgence était plus que jamais démontrée. Mais en février 1877, le conseil municipal abandonnait l'idée d'agrandissement de l'école et approuvait un nouveau projet pour une construction entièrement neuve qui réunirait dans un même corps de bâtiment, les deux écoles, les logements de l'instituteur et de l'institutrice et la mairie sur un emplacement dont il autorisait l'achat soit dans le bourg ou sur ses abords. En 1878, suite à la subvention de l’État et du Conseil Général, la commune achetait le terrain de Mme Ducoux (propriétaire de Lisennes) pour une somme de 2 700 F.
Le 15 août 1883, le conseil municipal, suite au rapport de l'architecte du département adressé au Préfet, au sujet du clocher neuf de l'église Saint-Pierre, apprenait que le nouveau clocher, construit en 1877-1878, menaçait de s'écrouler « s'il n'y est fait des réparations d'une certaine importance ». Plus tard, en 1892, le conseil prenait connaissance du devis des réparations du clocher neuf pour une dépense de 4 000 F et exprimait le désir de faire les travaux sans retard.
Le 25 octobre 1890 fut ouvert, dans un nouveau bâtiment, le bureau du télégraphe de Tresses dont la gérante sera, jusqu'en 1897, Mme MIQUEL Anaïs, née Peyron, qui, avec son époux Raymond Miquel, fonda une importante famille toujours présente dans la commune, puis ce sera le tour de Mme Gabrielle Labory (dont la famille est aussi présente à Tresses à ce jour). La première ligne téléphonique concerna M. Roussel qui habitait à Videau ; en 1912, le réseau s'amplifiait et le bureau contrôlait douze numéros : 7 à Tresses, 2 à Artigues, 1 à Pompignac et 2 à Salleboeuf dont celui de la famille du célèbre constructeur Gustave Eiffel.
En cette fin du XIXe siècle, le Préfet de la Gironde demandait au conseil municipal de donner son avis sur l'utilité de l'établissement d'un tramway à vapeur, entre Bordeaux et Camarsac établi sur la route départementale n° 136, puis un peu plus tard (1896) sur l'établissement d'un tramway à traction mécanique sur la route nationale n° 89 de Bordeaux à Libourne. Les édiles émirent un avis favorable et en profitèrent pour émettre le vœu qu'un pont supérieur soit établi sur le passage à niveau de la rue de la Benauge.
M. le Maire donna lecture d'une lettre (1898) adressée par l'association syndicale des viticulteurs propriétaires de la Gironde, le priant de vouloir bien s'associer aux vœux déjà exprimés par un grand nombre de viticulteurs et de sociétés agricoles relatifs à la surélévation des droits sur les vins étrangers entrant en France et faisant à nos vins une déloyale concurrence. Le conseil émit le vœu que des mesures soient prises de façon à éviter l'invasion en France des vins espagnols provenant de la récolte de 1898. C’est que Tresses vivait de la vigne : en 1825, 376 hectares étaient plantés en vignes pour vins rouges et blancs... soit environ 1/3 de la superficie totale de la commune. Face au phylloxera, une seule mesure s'avéra efficace, le greffage systématique des vieux cépages français sur des plants de variétés américaines qui, seules, résistaient à l'attaque de ce fléau. Dès 1897 la surface plantée était remontée à 308 hectares (à comparer avec les 150 ha actuel), 1/3 de blancs et 2/3 de rouges.
Dans la vie municipale de ce début du XXe siècle, relevons l’ouverture d’un livret d’épargne pour les enfants, l’installation d’un garde genoux au lavoir, la participation financière à l’achat d’un aéroplane, la pose de quatre plaques émaillées offertes par Michelin et l’installation de l’électricité dans les bâtiments communaux.
De la Grande guerre à la seconde guerre mondiale
Nous sommes en 1914, Tresses comptait moins de 800 habitants, population en légère augmentation par rapport aux années 1850. Face à la guerre, la commune décidait alors de réduire ses dépenses, de répondre positivement à la souscription au profit des blessés militaires. M. le Maire adressait ses remerciements à tous les généreux donateurs qui aident inlassablement et par tous les moyens les braves tombés sur le champ de bataille pour la défense du sol national. À Tresses, loin des tranchées, on connaît en 1917 des difficultés de ravitaillement en farine ce qui conduit les édiles à acheter au compte de la commune du riz, des pommes de terre et du maïs pour les rétrocéder aux habitants ou au boulanger communal. Le 11 novembre 1918 l'armistice est signé ! Tresses a sa lourde part de sacrifices humains : 32 de ses enfants sont morts pour une population masculine d'environ 380 personnes. Cela donne un pourcentage de 8,42 %, chiffre inférieur cependant à la moyenne nationale. Le conseil municipal (1919) désirant rendre un hommage aux enfants de la commune qui ont donné leur vie pour la défense du sol national décidait d'élever un monument funéraire sur lequel seront inscrits leurs noms. L'inauguration du monument aux morts pour la France eut lieu le dimanche 24 juillet 1921.
En savoir plus sur la première guerre mondiale à Tresses
Alors que la grande crise de 1929 pointait à l’horizon, le conseil municipal de Tresses considérait le moment venu de se préoccuper de réunir les fonds nécessaires à l'électrification complète de la commune. La somme à couvrir au moyen d'obligations remboursables en trente ans et portant intérêt voisin de 3,5% avoisinait 125 000 F, déduction faite du concours de l'État et de la société concessionnaire. Trois ans plus tard, M. le Maire rendait compte de l'état des travaux d'électrification qui touchent à leur fin. L’accès à l’électricité n’excluait pas la défense des intérêts locaux. Ainsi, sur la proposition de M. Hector Armenaud, le conseil décide d'adresser la lettre suivante à M. le Préfet (1933) : «Nous faisant l'écho des doléances de la population de Tresses, nous protestons respectueusement mais énergiquement contre la quasi interdiction de fabrication des piquettes édictée par la loi du 8 juillet 1933. La piquette est une boisson légère, fraîche et saine, de tous temps appréciée par nos populations laborieuses, et au point de vue hygiénique … Nous demandons un peu plus de liberté quand cette liberté ne nuit à personne et le droit de boire de la piquette, puisque nous aimons cette piquette ; nous protestons contre son interdiction et nous demandons une modification rapide de la loi qui nous brime.»
Le 11 février 1934, le maire fait connaître les prix approximatifs établis par l'ingénieur du service vicinal pour le cylindrage en partie (1 000 m) et le goudronnage en totalité du chemin de Mélac.
Dans cette période qui précède la seconde guerre mondiale, les conseils municipaux se font l’écho des préoccupations nationales. Ainsi, en 1938 le conseil municipal de Tresses adressait à M. le président Daladier et à son gouvernement l'expression de sa vive gratitude pour le dévouement dont ils avaient fait preuve pour le maintien de la paix et leur faisait confiance pour assurer une politique d'ordre et de concorde, indispensable à la prospérité du pays.
Tresses pendant l’occupation allemande
Après l'arrivée des réfugiés fuyant devant les troupes allemandes, les troupes d'occupation s’installaient à Tresses en juillet 1940. Le clos Gassiot (à l'emplacement actuel du bureau de poste), propriété de M. Lolivier, sera jusqu'en 1944 le siège de la Kommandantur du secteur. Quelques demeures de la commune serviront également au logement des militaires affectés aux services. Un an plus tard (1941) le conseil municipal de Tresses demandait à l'autorité allemande la remise d'armes, déposées à la mairie, pour la protection de volontaires désirant exercer par groupes la surveillance des exploitations agricoles dans lesquelles les vols se multiplient (la réponse fut, bien entendu, négative !).
En présence de MM. Lucien Deluga, Maurice Miot, Albert Courget, Marc Armenaud se tenait le 13 juillet 1941 la dernière séance du conseil municipal de Tresses élu en 1935. Pierre Pucheu, ministre de l'intérieur du gouvernement de Vichy prenait l'arrêté (novembre 1941) de dissolution du conseil municipal de la commune de Tresses et instituait, dans la commune de Tresses, une délégation spéciale habilitée ainsi composée : président, M. Pechin Albert ; membres: MM.Brunie Jacques et Balguerie Pierre. Cette délégation spéciale, décidait : «Il est créé sur le territoire de la commune de Tresses une régie communale d'exploitation de jardins communaux sur des terrains situés à Tresses ; d'une contenance de 2 ha 91 a 50 ça au lieu-dit «Fontaine Marguerite»(bassin d'étalement actuel).
Le 15 mai 1943, la délégation spéciale donnait son accord pour la scission du canton de Carbon-Blanc en deux cantons, l'un urbain (canton de Cenon) et l'autre rural (canton de Carbon-Blanc). Tresses se rattachait au canton de Cenon.
Un groupe de résistance existait à Tresses. Il avait été créé par M. Jean Pierre Darracq (instituteur) et faisait partie du mouvement de Libération Nord. Son activité depuis 1943 s'était manifestée par la constitution d'un dépôt de matériel militaire, l'hébergement de prisonniers Nord-Africains évadés, ainsi que de réfractaires du STO (service du travail obligatoire).
Au moment de la déroute des armées françaises en 1940, Messieurs Marc et Robert Armenaud avaient camouflé sous une grange de Fénelon, deux véhicules de l'armée : une voiture tourisme Peugeot 202 et un camion Renault 4 tonnes, portant un matricule minéralogique militaire. Ce matériel a été remis aux troupes des Forces Françaises de l'Intérieur au moment de la libération.
Le 28 août 1944, les forces du maquis occupaient Bordeaux où la foule enthousiaste a manifesté bruyamment sa joie toute la journée. Il en était de même à Tresses ! La Kommandantur installée dans le bourg avait plié bagages depuis plusieurs jours. Le château Biré réquisitionné pour les officiers avait été également vidé de ses occupants. Sur la place du maréchal Pétain, la plaque installée non loin de la mairie fut martelée ce jour-là afin de rendre l'inscription illisible.
La première réunion (29 octobre 1944) de la nouvelle délégation spéciale nommée après la Libération était présidée par M. Marc Armenaud. La cloche sonna à la volée le 8 mai 1945 pour célébrer la fin de la Deuxième Guerre mondiale et de nombreux Tressois et Tressoises tirèrent la corde ; certains laissèrent une trace écrite sur les murs : «Caroline Garcia a eu la joie de sonner la cloche pour la fin de la guerre - Vive la paix»
Entre mai et juillet 1945, c'est le retour des prisonniers de guerre, et des travailleurs du STO (service du travail obligatoire) : 32 Tressois, prisonniers depuis 1940, retrouvent leurs familles.
La période récente
Au lendemain de la guerre, la commune choisit comme maire M. Jean-Léon Soubie. Ce dernier fera deux mandats, tout comme Mme Simone Couailhac puis M. Marc Armenaud. Depuis 1977, M. Jean Pierre Soubie administre la commune de Tresses.
Parmi les évènements qui ont marqué cette vie municipale au cours de la seconde moitié du XXe siècle, notons en 1952 la remise en service de la «prison de la commune» pour le cas où des vagabonds viendraient se présenter, la restauration intérieure du chœur de l'église (1963), l’inauguration de l'école maternelle (1964), la construction du château d'eau (1968-1969), l’agrandissement de l'école primaire (1975), la construction de la salle des sports (1976) pour répondre aux attentes du club de basket. Suivront, sous le mandat de l’actuel maire, l’aménagement d'un foyer rural dans le bourg (1977), le nouvel agrandissement de l'école primaire avec un restaurant scolaire et quatre classes afin de répondre aux demandes d’une population en croissance, l’aménagement d'un premier terrain de tennis à Pétrus (1979).
Au cours des années 1980 sont mis à disposition une salle polyvalente, la première zone artisanale, une Allée marchande, un premier terrain de tennis couvert tandis que des travaux de modernisation sont réalisés à la mairie et à l’église. Plus récemment, années 1990, on peut retenir l’ouverture de la gendarmerie, la poursuite du développement des zones d’activités, la construction des ateliers municipaux et la bibliothèque. De plus les édiles achètent une série de bâtiments dans le centre du village afin de donner un toit aux associations et aux services communaux. C’est aussi dans cette phase que la commune achète (1998) le château de la Séguinie et son parc.